
Trente-et-un an d'attente, 30 ans de prison requis: la peine maximale a été demandée jeudi contre Pascal Lafolie, jugé devant la cour d'assises de l'Aisne pour le meurtre en 1994 de Nadège Desnoix, lycéenne tuée à coups de couteau ( AFP / Damien MEYER )
Trente-et-un an après les faits, Pascal Lafolie a été condamné à la peine maximale, 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Nadège Desnoix, lycéenne tuée dans l'Aisne en 1994, l'un des plus anciens crimes non élucidés à aboutir à un procès en France.
La peine, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, est conforme aux réquisitions de l'avocate générale devant la cour d'assises de l'Aisne.
L'avocat des frères et de la sœur de Nadège, Me Gérard Chemla, s’est félicité de ce verdict, la cour ayant ainsi "dit clairement qu'il est coupable (...) qu'il est dangereux, qu'il n'y a pas de circonstances atténuantes et qu'il mérite le maximum de la peine".
"Justice a été rendue autant qu'elle pouvait l'être", a-t-il tempéré, déplorant que la peine ne s'ajoute pas à celles déjà purgées pour d'autres faits et craignant que "dans trois ou quatre ans, nous puissions imaginer que Pascal Lafolie soit dehors".
La peine englobe les autres périodes de détention déjà effectuées depuis le meurtre par Pascal Lafolie, aujourd'hui âgé de 58 ans, qui a fait de la prison ferme pour une agression sexuelle commise en 1996 et un viol en 2000.
Lors de ses réquisitions, l'avocate générale avait dressé un portrait glaçant de l'accusé, un homme qui "sait mentir et tente constamment de manipuler", au "tempérament extrêmement violent" dans toutes les sphères, notamment privée.
Il a fait montre d'une "intolérance à la frustration sexuelle" et a "peu de considération pour le consentement des partenaires", a-t-elle souligné. "La loi telle qu'elle est actuellement ne permet pas de maîtriser la dangerosité de Pascal Lafolie", a alerté la magistrate.
Pascal Lafolie "est un chasseur de femmes", avait affirmé Me Chemla lors de sa plaidoirie.
- "Mort de chagrin" -
Me Justine Devred, l'avocate de la défense, a reconnu les "pulsions" de son client, tout en dépeignant un personnage "à l'enfance cabossée", devenu un adulte "agaçant" car il n'a "jamais eu les codes", et influencé voire écrasé par son grand frère, également violent.
Jusqu'au dernier jour du procès, elle a martelé, comme son client, que ce dernier "ne se souvient pas" d'avoir tué Nadège Desnoix.
Le corps sans vie de Nadège Desnoix, 17 ans, avait été retrouvé fin mai 1994, lacéré de coups de couteau sur un sentier menant à son lycée de Château-Thierry.
L'enquête a patiné jusqu'à ce qu'en 2021, des expertises révèlent une correspondance entre l'ADN de Pascal Lafolie, prélevé dans le cadre d'une affaire de violences conjugales, et celui retrouvé sur le chouchou que Nadège Desnoix portait au moment de sa mort.
Devant la cour d'assises, Pascal Lafolie a continué de clamer son innocence, de marbre, sans un regard pour les frères et la soeur de la victime présents dans la salle.
Pour la famille de Nadège Desnoix, "c'est (...) le combat d'une vie", a assuré Arnaud Miel, avocat de la mère de la victime. Un combat durant lequel est décédé le père de Nadège Desnoix, "mort de chagrin à cause de ce boucher", a affirmé l'avocat en pointant l'accusé dans son box.
A l'annonce du verdict, les proches de Nadège Desnoix n'ont pu retenir leurs larmes, après un procès "extrêmement difficile" d'où son frère William Desnoix a dit ressortir "apaisé".
"Nous avons été entendus, il a été lourdement condamné, c'était tout ce qu'on attendait", a-t-il affirmé.
Me Chemla, a déploré lors de ce procès un "parcours interminable pour obtenir un peu de justice" et l'absence de rapprochement entre les différents dossiers liés à Pascal Lafolie. Il a insisté sur la possibilité qu'il y ait eu "d'autres femmes" victimes du même homme.
Lorsqu'il a été mis en garde à vue dans l'affaire Nadège Desnoix, Pascal Lafolie, est initialement passé aux aveux, avant de se rétracter et d'accuser son frère, décédé, et dont l'implication a été écartée lors de l'enquête.
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